1062. Fondation de Marrakech par les Almoravides.
1086. Victoire de Zallaka, en Espagne. L’Empire almoravide s’étend à l’Espagne musulmane, au Sénégal et au Niger.
1147. Prise de Marrakech par Ibn Tumart. Fondation de la dynastie des Almohades.
1269. Le Maroc passe aux mains des Mérinides.
1415. Les Portugais s’emparent de Ceuta.
1497. Les Espagnols occupent Melilla.
1541. Les Saadiens reprennent Agadir aux Portugais.
1578. Défaite des Portugais à la bataille de Ksar El-Kébir. Al-Mansur instaure la dynastie chérifienne.
1769. Sidi Mohammed Ibn Abd Allah s’empare de Mazagan, tenue par les Portugais.
1844. Défaite du sultan Abd Er-Rahman à la bataille de l’Isly, remportée par le général Bugeaud.
1860. Les Espagnols conquièrent Tétouan et imposent de lourdes indemnités de guerre aux Marocains.
1864. Un décret ouvre le Maroc au commerce étranger. Début de la pénétration économique européenne (Grande-Bretagne, France, Espagne, puis Allemagne à partir de 1890).
1906. La conférence d’Algésiras (6-7 avril) place le Maroc sous la tutelle des puissances européennes et confère à Tanger le statut de « ville internationale ».
1907. L’assassinat à Marrakech du Dr Mauchamps entraîne l’occupation d’Oujda par la France. Emeutes contre les étrangers et pogroms antijuifs à Casablanca. Début de la « pacification » rampante du Maroc par les forces françaises.
1912. Le traité de Fès (30 mars) établit un protectorat français sur le Maroc – l’Espagne conservera une zone d’influence au Nord (Rif) et au Sud (Tarfaya), en vertu des accords franco-espagnols du 27 novembre. De violentes émeutes éclatent à Fès et dans les grandes villes du pays. Le sultan Moulay Hafid est contraint d’abdiquer au profit de son frère Moulay Youssef. La « pacification » du Maroc s’intensifie. Lyautey est nommé résident général du Maroc.
La « pacification »
1921-1926. Guerre du Rif. Après sa victoire sur les Espagnols à Anoual, le 21 juillet 1921, l’émir Abd El-Krim proclame la République confédérée des tribus du Rif. Défait en mai 1926 par les troupes franco-espagnoles dirigées par Pétain, il se rend puis est déporté sur l’île de la Réunion.
1927. Mort du sultan Moulay Youssef en novembre. Les Français imposent à la tête du pays son troisième fils, Sidi Mohammed (futur Mohammed V).
1930. Signature du dahir (« loi ») sur la juridiction berbère, le 16 mai, qui divise les deux composantes ethniques de la nation marocaine, Arabes et Berbères. Des manifestations nationalistes éclatent à Fès et dans toutes les grandes villes.
1934. Mort de Lyautey le 27 juillet. Fondation du Comité d’action marocaine (CAM) en novembre par de jeunes intellectuels, dont Allal El-Fassi, Mohammed El-Ouazzani et Ahmed Balafrej.
1936. Le général Noguès est nommé résident général du Maroc en octobre.
1937. Scission du CAM. Après une période de troubles dans tout le pays, les autorités françaises décident de déporter El-Fassi au Gabon et El-Ouazzani au Sahara.
1939. Sidi Mohammed appelle les Marocains à soutenir la France en guerre.
1940. Le général Noguès se rallie à Pétain.
1942. Débarquement allié en Afrique du Nord en novembre.
1943. 14-24 janvier : conférence des Alliés à Casablanca (Maroc), avec la participation du président Franklin Roosevelt (Etats-Unis) et de Winston Churchill (Royaume- Uni), qui promettent à Sidi Mohammed d’oeuvrer à l’indépendance du Maroc. Création du parti de l’Istiqlal (« Indépendance »).
1944. Le 11 janvier, l’Istiqlal publie son manifeste pour l’indépendance.
1946. Erik Labonne devient le nouveau résident général au Maroc. Retour d’exil d’El-Fassi.
1947. De violentes émeutes embrasent Casablanca en avril. La répression fait plusieurs centaines de morts. Le 10, Sidi Mohammed prononce un discours à Tanger, dans lequel il réclame l’indépendance du pays. Labonne est limogé et remplacé en mai par le général Juin.
L’indépendance
1951. Rupture entre Sidi Mohammed et le général Juin, soutenu par les colons conservateurs et les membres du parti extrémiste Présence française. Le général Guillaume devient le nouveau résident général.
1953. Le sultan est déposé en août par les Français, condamné à l’exil à Madagascar et remplacé par son cousin Ben Arafa. Sous l’impulsion des nationalistes, les grandes villes du pays se soulèvent. En décembre, l’Assemblée générale des Nations unies adopte une résolution sur le droit à l’autodétermination du Maroc.
1954. Francis Lacoste remplace le général Guillaume.
1955. Les accords de La Celle-Saint-Cloud (6 novembre) prévoient le retour du sultan, sous le nom de Mohammed V, et l’indépendance du pays. Rentrée triomphale de Mohammed V au Maroc le 10 novembre.
1956. Le Maroc accède à l’indépendance le 2 mars après la signature, à Paris, de la déclaration commune mettant fin au protectorat. En avril, le Maroc récupère la zone nord, qui était jusque-là sous contrôle espagnol, et la ville de Tanger en octobre. Le pays est à nouveau unifié (à l’exception de l’enclave Ifni et de la zone de Tarfaya, demeurées sous contrôle espagnol).
1957. Mohammed V prend le titre de roi en août. Son fils Hassan II est désigné comme son successeur.
1958. Déclenchement, en janvier, de l’opération militaire franco-espagnole contre l’Armée de libération du Sud marocain (ALSM) au Sahara occidental. Accord entre l’Espagne et le Maroc sur la rétrocession de la province de Tarfaya le 1er avril. Début de l’insurrection du Rif, écrasée par les Forces armées royales (FAR) quelques mois plus tard.
1959. Scission au sein de l’Istiqlal en décembre : Mehdi Ben Barka crée l’Union nationale des forces populaires (UNFP), d’inspiration socialiste et anti-impérialiste.
1961. Mort de Mohammed V le 26 février. Hassan II accède au trône le 3 mars.
1962. Adoption de la première Constitution par référendum le 7 décembre. Le roi exclut l’Istiqlal du gouvernement quelques semaines plus tard.
1963. Arrestations en juillet de membres de l’UNFP et de communistes suspectés de complot contre l’Etat. « Guerre des sables » entre le Maroc et l’Algérie en octobre-novembre. Ben Barka est condamné à mort par contumace le 9 novembre.
1965. Après le soulèvement de Casablanca – réprimé dans le sang par le général Oufkir –, en mars, l’état d’urgence est décrété. Le roi est doté des pleins pouvoirs. Ben Barka est assassiné à Paris le 29 octobre.
1969. L’Espagne rétrocède au Maroc l’enclave d’Ifni le 30 juin.
La répression
1971. Tentative de coup d’Etat au palais de Skhrirat, le 10 juillet (près de 100 morts). Ses instigateurs, dont les généraux Ababou et Medbouh, sont exécutés.
1972. Adoption de la troisième Constitution en mars, dont une partie sera suspendue en avril (report des élections législatives). Deuxième tentative de coup d’Etat militaire, le 16 août, menée par le général Oufkir, qui est tué le lendemain.
1973. Interdiction, en janvier, de l’Union nationale des étudiants marocains (UNEM), principal syndicat étudiant. Restriction du code des libertés publiques en avril. Création, le 10 mai, du Front Polisario (Front populaire pour la libération de la Saguia El-Hamra et du Río de Oro) au Sahara occidental. En août, le Maroc récupère la totalité des terres coloniales.
1974. En juin, le cheikh Abdessalam Yacine publie une lettre ouverte au roi intitulée : « L’islam ou le déluge ». Il est aussitôt arrêté. La revendication marocaine sur le Sahara occidental est portée en septembre devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye : crise entre l’Algérie et le Maroc. Arrestations de nombreux opposants au régime, dont Abraham Serfaty et Abdellatif Zeroual.
1975. Lancement, le 6 novembre, de la « marche verte » pour le Sahara occidental à l’initiative de Hassan II. L’accord tripartite signé à Madrid entre le Maroc, l’Espagne et la Mauritanie, le 14 novembre, consacre le partage du territoire entre le Maroc et la Mauritanie. Assassinat, en décembre, du leader de gauche Omar Benjelloun par un commando islamiste.
1976. Violents affrontements, au début de l’année, entre les troupes marocaines et algériennes à Amgalla (Sahara occidental). Le 27 février, le Front Polisario proclame la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à Tindouf (Algérie). Le 7 mars, rupture des relations diplomatiques entre le Maroc et l’Algérie.
1977. Tenue des premières élections législatives, en juin, depuis l’adoption de la troisième Constitution. L’Istiqlal entre au nouveau gouvernement dirigé par Ahmed Osman, chef du Rassemblement national des indépendants (RNI) et beau-frère de Hassan II.
1979. Driss Basri est nommé ministre de l’intérieur en mars. En août, la Mauritanie se retire du sud du Sahara occidental en vertu d’un accord de paix signé avec le Front Polisario. L’armée marocaine se déploie aussitôt sur la totalité du territoire.
1980. Le Maroc commence la construction de « murs de protection » au Sahara occidental. A Fès, des incidents entre islamistes et forces de l’ordre, le 9 juin, font plusieurs victimes et conduisent à de nombreuses arrestations.
La « démocratisation »
1981. Des manifestations populaires contre la hausse des prix des denrées de base, en juin, sont durement réprimées par les autorités (plusieurs centaines de morts à Casablanca). Le 27 juin, Hassan II accepte le droit à l’autodétermination des Sahraouis et propose l’organisation d’un référendum « confirmatif ».
1982. La RASD est admise à l’Organisation de l’unité africaine (OUA), dont le Maroc se retirera deux ans plus tard.
1984. Les « émeutes du pain », en janvier, qui secouent Marrakech et le nord du pays, font des centaines de morts. Vague d’arrestations dans les milieux contestataires.
1986. Rencontre à Ifrane entre Hassan II et le premier ministre israélien Shimon Pérès (22-23 juillet).
1988. Rétablissement des relations diplomatiques entre le Maroc et l’Algérie le 6 mai. En août, le Maroc et le Front Polisario acceptent un plan des Nations unies prévoyant un cessez-le-feu et la tenue d’un référendum d’autodétermination.
1989. Création, le 17 février, de l’Union du Maghreb arabe (UMA), qui rassemble le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Mauritanie et la Libye. Le cheikh Yacine est placé en résidence surveillée en décembre, et le mouvement Justice et bienfaisance est dissous.
1990. Le Maroc se range aux côtés de la force multinationale envoyée dans le Golfe, en août, malgré le soutien de la population à l’Irak. Grève générale, en décembre, à l’appel des organisations syndicales, accompagnée de violentes émeutes dans plusieurs villes du pays (Tanger, Fès, Kenitra). Crise diplomatique, en novembre, entre Paris et Rabat après la publication du livre de Gilles Perrault, Notre ami le roi, qui dénonce les violations systématiques des droits humains par le régime marocain.
1991. Plus de 300 000 personnes manifestent à Rabat, le 3 février, leur soutien au peuple irakien. Au Sahara occidental, un cessez-le-feu est proclamé en septembre sous l’égide des Nations unies. Ce même mois, Abraham Serfaty est libéré de prison et expulsé du pays ; le bagne de Tazmamart est fermé et ses détenus transférés dans d’autres prisons du royaume.
1992. Hassan II présente en août un projet de réforme constitutionnelle destinée à « démocratiser » le régime. La réforme est approuvée par référendum le 4 septembre.
1993. Elections législatives en juin. L’opposition, menée par l’Union socialiste des forces populaires (USFP) et l’Istiqlal, refuse de participer au gouvernement.
1994. Affrontements entre forces de l’ordre et étudiants, de janvier à mars, dans les universités de Fès et Casablanca. Le 24 août, deux touristes espagnols sont tués au cours d’une attaque terroriste à Marrakech.
Mohammed VI
1996. Adoption, le 13 septembre, d’une nouvelle réforme constitutionnelle, qui institue notamment une Chambre des conseillers – à côté de la Chambre des représentants – et renforce les prérogatives du roi.
1998. M. Abderrahmane Youssoufi, secrétaire général de l’USFP, est nommé premier ministre d’un gouvernement d’alternance le 4 février. Driss Basri est maintenu à l’intérieur.
1999. Décès de Hassan II le 23 juillet. Son fils Mohammed VI est intronisé le 30. Dans un discours, le nouveau roi évoque « les disparus et les victimes d’arrestations arbitraires ». Abraham Serfaty est autorisé à rentrer d’exil en septembre. La famille Ben Barka regagne le Maroc deux mois plus tard, après trentesix ans d’absence. Les émeutes qui éclatent à El-Ayoun, au Sahara occidental, sont durement réprimées. Driss Basri est limogé le 9 novembre.
2000. Partisans et adversaires de la réforme prévue du code de la famille défilent le 12 mars, les uns à Rabat, les autres à Casablanca. Le texte sera finalement retiré.
2001. Visite royale au Sahara occidental le 1er novembre.
2002. Une manifestation de soutien à la Palestine rassemble plus d’un million de personnes à Rabat le 7 avril. En juillet, crise hispano-marocaine au sujet de l’îlot Peregil/Leïla, situé à 200 mètres des côtes du Maroc. Les deux pays normaliseront leurs relations six mois plus tard. Les élections législatives du 27 septembre voient l’accession de 35 femmes au Parlement, tandis que les islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD), avec 41 sièges, deviennent la première force d’opposition du pays. M. Youssoufi est remplacé par M. Driss Jettou, qui n’appartient à aucun parti.
2003. Le 16 mai, des attentats terroristes font 45 morts à Casablanca, dont les 12 kamikazes. Le Parlement adopte le 28 mai une loi antiterroriste. Le roi annonce la « fin de l’ère du laxisme ». Dix peines de mort sont prononcées le 11 juillet contre des membres de la Salafia Jihadia, impliquée dans les attentats. Une centaine d’autres sont condamnés en août et en septembre.
2004. Le 7 janvier, le roi accorde la grâce à 33 prisonniers politiques, dont le journaliste Ali Lmrabet, et annonce la création de l’Instance équité et réconciliation (IER), chargée de recueillir les témoignages des victimes des « années de plomb ». Le 16, les députés adoptent à l’unanimité l’égalité juridique entre hommes et femmes. Le 22 juin, l’envoyé spécial des Nations unies au Sahara occidental, M. James Baker, démissionne. Rabat se prononce pour une solution « définitive et globale fondée sur une large autonomie ».
2005. Quatorze migrants africains sont tués en octobre par les forces marocaines et espagnoles alors que des centaines d’entre eux tentaient de pénétrer dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. L’armée marocaine réprime violemment les manifestations sécessionnistes qui se succèdent depuis plusieurs mois au Sahara occidental.
Olivier Pironet.