De fil en aiguille on est arrivé à prendre une habitude fort agréable.
A onze heures ou à seize, si le temps nous le permettait, on s'acquittait d'une dette toujours relancée: nous chercher à tous un verre de thé et un biscuit!
De la découpe des tranches au polissage, on aura comprit le temps nécessaire à la taille de ces petites créations.
Son retour à un travail sédentaire - il travaille à quelques minutes à pied de chez lui - lui enlève un salaire "acceptable" et d'autres avantages, mais être sur Mamallapuram lui permet de rester dans la maison familliale avec ses parents et un de ses deux frêres.
Sathich partage son atelier avec Varadan. qui depuis 16 ans travaille de gros modèles, alors que Sathich quand à lui, préfere les petites pièces.
Sur son "atelier modulable", il détache une à une six petites mains de Buddha. C'est par jour ce que peut tailler entierement Sathish à partir de ces blocs de pierre.
Le cadre de travail et de vie qui l'entourent ressemblent à son caractère: calme, rassurant et accessible. Lui aura eu le courage de tenter ce changement, et aujourd'hui encore, il ne le regrette pas.
Comme reconverti, il y a plus malheureux. Il n'a pas d'atelier à payer, et recoit un salaire fixe.
Un loyer pour un atelier comme le sien reviendrait à la moitié de son salaire actuel, soit 50€.
Cela fait maintenant sept ans que Sathish n'utilise plus ses mains pour travailler pour une grosse compagnie dans l'installation numérique, mais pour travailler soigneusement le mineral.
De fines tranches (<1cm) de ce "marbre" sont faites a la scie, parfois circulaire, dans des blocs de la taille d'une boite à chaussure pesant une trentaine de kilos.
Sathich taille ses morceaux à "l'huile de coude" avec son égoine.
La forme des pendentifs est dessinée grossièrement sur ces tranches, et avec une scie égoine, il les découpe.
Avant d'obtenir un de ces pendentifs que l'on voit partout à Mamallapuram parmi les 350 boutiques, il est interressant de savoir que cette pierre du Rajasthan est en fait une "soap stone", plus tendre que les différents marbres du Taj Mahal.
On trouve cette Steatite aussi au Brésil, ou au Canada, où elle sert également à faire de petites statues de phoques ou de baleines, et enfin en Suisse, avec une pierre plus dure.
Pour le reste, la "pierre à savon" blanche est utilisée pour la fabrique de talc.
"En sac à dos (Paris - Bamako en auto-stop; de Zanzibar à Cape Town en huit mois; dix mois en Inde...) je vais à la rencontre des artisans du monde pour vous les présenter via des reportages photos."
Nathaniel